✖ TON HISTOIRE

They don't bury bodies from the drowned

Je me jette du bord de la falaise au bord de ma maison et plonge tête la première dans la mer. Je m'étends dans l'eau et je me laisse flotter vu à quel cet endroit est éloigné de la ville, je ne risque pas d'être dérangé. Le sang coule de mon nez et de la coupure au-dessus de mon oeil et remonte vers la surface. L'eau salée brûle ma plaie et l'eau est gelée, mais être dans l'eau fait tellement de bien que je m'en fiche. Je me laisse dériver et repense à comment j'en suis arrivé là.

Je suis né dans le département deux et durant toute mon enfance, je n'ai jamais manqué de rien. Avec ma mère, on roulait pas sur l'or, mais on se débrouillait et on arrivait à avoir de quoi manger chaque jour. C'est lorsqu'elle est morte que l'on m'a expliqué que c'était une prostitué et que c'était comme ça qu'elle arrivait à avoir tout cet argent. J'avais douze ans quand elle est morte et que j'ai dû prendre mes responsabilités j'ai dû trouver un travail rapidement et la seule chose que j'ai trouvé, c'était dans un entrepôt à charger les boites qui sont envoyés au Capitole, je faisais ça le soir quand je sortais des cours entre 17 et 23 heures. J'ai rencontré Amos là-bas, il travaillait en même temps que moi, on est devenu amis rapidement. On passait notre temps ensemble, chaque année on avait peur que l'un d'entre nous parte au Hunter Games, je trouvais ça terrifiant et ça le faisait marrer de me voir flipper un jour, tous les six mois.

Et un jour, il a disparu. Personne ne sait ce qu'il lui est arrivé, certains disent qu'il est mort dans une tempête quand il était parti pécher au large sur un bateau, d'autre disent qu'il s'est fait tuer par un pacificateur et d'autre raconte qu'il s'est suicidé. Après sa mort, je suis devenu très proche de son père, trop proche certain diront. Je n'ai jamais connu mon père, alors je me suis tourné vers lui.

C'est à ce moment-là que j'ai commencé ma décente au enfer, à boire, à me faire régulièrement tabassé par des pacificateurs pour vol. Si je passais une semaine sans une nouvelle plaie ou un oeil au beur noir, c'était un miracle.

Je retrouve mes esprits et retourne vers la baie et sort trop vite de l'eau froide, ce qui me fait perdre l'équilibre et avoir un mal de tête. Je retourne dans ma maison et je m'allonge sur mon lit, toujours trempé. Il est bientôt 19 heures et je ne suis pas allé travailler aujourd'hui, ça va énerver mon employeur, mais je m'en moque, lui aussi d'ailleurs, j'ai raté tellement de jours depuis ces derniers temps qu'il ne doit même plus savoir que j'existe.

J'enfile un pull et je sors vers la ville qui constitue le centre du département deux en souriant aux gens que je croise comme si je ne savais pas que je les dégoûte. Je regarde le ciel et je me dis ce que je me dis tous les soirs, peut-être que demain sera un meilleur jour.